EDITORIAL TRIMESTRIEL de Jean Pellegrino [Actualité économique et du crédit du 1 juillet au 30 septembre 2005] - ARC®

Du rififi au Lyonnais (LCL)

L'été 2005 aura été marqué fin août par l'opération de changement "d'état civil" du Crédit Lyonnais, rebaptisé plus sobrement "LCL". Il s’agit d’un véritable changement d’identité pour cette marque touchée par les scandales (qui auront coûté 4,5 milliards d'Euros au contribuable), abritée dans le giron du Crédit Agricole depuis fin 2002. Mais ce qui intéressera davantage encore le marché est l'orientation prise par LCL : le particulier et la PME. Une stratégie de conquête (30 M d'€ de promotion sur le thème "demandez plus à votre argent") qui devrait faire de cet établissement un intervenants majeur sur le segment du crédit au particulier.

Le business des cartes de crédit

Notons ce trimestre le mouvement de rachat des émetteurs indépendants de carte de crédit américains, mouvement certes propre au continent nord-américain mais dont il est intéressant de souligner l'origine, celle-ci pouvant concerner à terme le marché européen : il s'agit, pour les grandes banques américaines, de contrebalancer l'explosion de leurs engagements sur le marché de l'immobilier.

Marché de l’immobilier: point de vue et image du monde…

Celui-ci serait-il devenu trop dangereux, trop exposé, proche de la bulle ? Trop grande exposition des banques et établissements financiers à un marché de l'immobilier qui n'a cessé de progresser depuis quelques années ? D'un côté une demande de crédit immobilier soutenue et une concurrence acharnée des banques sur ce secteur et de l'autre l'avertissement, au moins en France, des autorités de tutelle qui leur reproche un certain relâchement dans les conditions d'octroi des crédits immobiliers. Il n'en fallait pas plus pour relancer le débat sur l'opportunité d'introduire de nouvelles pratiques de crédit (crédit hypothécaire rechargeable, notamment, que la Banque de France ne voit pas d'un très bon œil). En face de telles inquiétudes, les banques françaises et internationales ne semblent pas très préoccupées et s'attendent davantage à un simple ralentissement du marché, même si entre l'Europe et les Etat-Unis la différence semble de taille et pourrait dicter la "rapidité" de ce ralentissement : l'immobilier alimenterait la croissance du vieux continent alors qu'elle encouragerait davantage un courant spéculatif en Amérique du nord. L'éclatement de la "Bulle immobilière" n'est quoi qu'il en soit pas prévue en Europe avant 2006…

La thèse de la différenciation des marchés immobiliers européens et états-uniens se fonde, selon certains analystes, sur des différences structurelles entre les deux continents, dont l'existence d'une marge de progression sur certains autres marchés du crédit au particulier en Europe (tel le crédit à la consommation que nombre d'établissements repositionnent peu à peu au cœur de leur stratégie) : ces marchés, exploités depuis plus longtemps aux Etats-Unis, permettront peut-être aux banques européennes de se réorienter le moment venu. Une autre différence tient sans doute dans la tentative d'harmonisation européenne par convergence des marchés nationaux du crédit immobilier que l'on croit distinguer : les autorités européennes, conscientes que l'immobilier entre pour une part de plus en plus importante dans la richesse de la zone, envisagent sérieusement de permettre à terme aux consommateurs européens de disposer de prêts dans toute l'Union au "même prix". Un tel projet devrait d'autant plus susciter l'intérêt du secteur qu'une telle harmonisation pourrait soit produire une éclosion des réseaux sur les territoires de l'U.E soit, dans un cas de figure certes moins spectaculaire donc plus envisageable, donner le signal à une intensification des activités transfrontalières des grands établissements européens.

BNP Paribas/Société Générale: tout le monde en parle!

La question du développement est aussi, finalement, au cœur de l’actualité de ce trimestre au travers des rumeurs de fusion entre BNP Paribas et Société Générale. Semble-t-il envisagée depuis fort longtemps (en contrepoint à d'autres projets de fusion avec plusieurs établissements européens), le mariage des "2 vieilles" parait être pour certains le scénario adapté à la recherche de la taille critique. Celle-ci permettrait d'évoluer sans crainte dans un monde sans frontières, dangereux pour deux établissements certes très rentables mais aussi trop petits aux côtés de géants américains ou même européens. Mais pour d'autre cette union consanguine serait à bannir, le développement de ces joyaux français étant bien plus à rechercher du côté des marchés asiatiques, ceux-ci offrant pour chacune d'elles le sang neuf dont elles auraient besoin. Quoi qu'il en soit, outre les difficultés qu'il pose encore en matière d'équilibre des états-majors et quelles que puissent être les synergies dont le nouveau groupe pourrait bénéficier pour son développement, le projet ne pourrait, dit-on, certainement pas voir le jour avant la création du grand concurrent que sera la Banque Postale, ni même tant que les marges ne remonteront pas grâce à une toujours hypothétique remontée des taux.

Actualité en France

Le reste de l'actualité concernait ce trimestre, en France, un certain appétit des banques pour le crédit au particulier (et singulièrement pour le crédit à la consommation) avec, en toile de fond, le changement de nom de la banque en ligne Egg pour un patronyme prometteur ("Oney.fr"), par la volonté de son propriétaire la banque Accord qui revendique ainsi (et met en ligne) son positionnement sur ce marché. Une telle tendance se confirme aux vues des appétits d'acquisitions de Cetelem (groupe BNP-Paribas) et de l'orientation de l'assureur MMA qui dirige son activité vers le crédit auto avant de proposer, en 2006, des cartes de crédit et l'ouverture de comptes courants.

Actualité en Europe et dans le Monde

A l'international, en dehors de la tentative des banques coopératives de défendre leur statut européen, Etienne Pflimlin (Président de la Confédération nationale du Crédit Mutuel) et Jean-Claude Detilleux (Crédit Coopératif) en tête, notons l'expression particulièrement significative de deux conceptions du développement qui, si elles ne s'excluent pas l'une l'autre, sont le signe des points de vue fondamentaux des dirigean


Jean Pellegrino - Rédacteur d'articles, de revues de presse et d'éditoriaux. Son ambition est de faire partager un point de vue synthétique et original sur l'actualité économique en général et du crédit ou du rachat de crédits en particulier, tout en insistant sur les enjeux liés à cette activité.


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